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Promenade de la Bièvre à Antony


D‘abord pour nous mettre en train, nous vous offrons une petite promenade en cartes postales sur les bords de la rivière dans les années 1900, en sachant que tout ce qui a été photographié dans ces années-là existait encore en 1930.

Accoudons-nous d’abord mélancoliquement au parapet au-dessus de la Bièvre au lieu-dit le « Pont d’Antony » situé sur le grand chemin de Paris à Toulouse appelé maintenant « nationale 20 ».

C’est à partir de là que la rivière a choisi de diriger son cours davantage vers le nord. Le Pont d’Antony s’est trouvé être le point de passage obligé de tous les voyageurs qui traversaient la France en se rendant en Espagne. Tous les textes anciens reconnaissent dans cette route la grande voie romaine qui allait de Maastricht au nord, à Barcelone, au sud. Près du pont, le lieu dit « les Chaussées » témoigne des travaux effectués pour consolider les terrains et les rehausser à cet endroit marécageux où la Bièvre avait tendance à vouloir vagabonder et se perdre dans les prés avoisinants. Les Romains vainqueurs avaient besoin de larges voies bien droites qui offraient une chaussée empierrée au milieu pour le passage des chariots et des chars et un trottoir sablé de chaque côté pour le passage des troupes à pied et des voyageurs en général. Je ne vois pas le commerce gallo-romain très actif se faire par les voies étroites et tortueuses des villages ; il y a bien longtemps que les déviations existent. Il est d’ailleurs de plus en plus évident pour les spécialistes de la poste romaine, qu’au Pont d’Antony, il y avait une mutatio, c’est-à-dire un relais de poste, le premier en venant de Paris, ou le dernier si l’on venait du sud, situé à douze kilomètres de l’île de la Cité, centre de Lutèce, c’est-à-dire à cinq lieues gauloises (les Romains n’ont jamais réussi à imposer aux Gaulois le décompte des distances en lieues romaines dans la plus grande partie de la Gaule). Près du pont, on trouve, au lieu-dit « la Croix Blanche », une auberge dont la présence, de temps immémorial, témoigne en faveur de cette hypothèse. De plus, la Bièvre constituait le dernier obstacle sur la grande route, mais elle offrait un bon abreuvoir et des prés.

 

                 Plan des lieux dits de ce secteur

En fait, si l’on regarde bien les cartes anciennes, nous voyons que le village n’est pas traversé par la Bièvre, il a été construit au-dessus de la cote 55, hors de la zone inondable. La rivière coulait alors au milieu des prairies et dans des propriétés privées.

Reprenons notre promenade. Que découvrons-nous ?

Un lit encaissé,                                                            un petit déversoir,

le lavoir communal,                                           une grande prairie

et dans le parc du château (propriété de M.Michalon au 19e s.), gracieusement aménagés,

deux petits ponts,                                                     une petite pièce d’eau

                                                                            avec une barque nous incitant à la pêche ou à la rêverie.

Mais attention : « Propriété privée : défense d’entrer ! ». Les grilles qui fermaient le parc ont été soigneusement photographiées.

De l’autre côté du parc, nous arrivons rue du Pont aux Anes. Dans le Haut Moyen Age, la rivière avait encore à cet endroit ses deux lits mineurs -le lit supérieur servait de Canal d’arrivée au moulin, la rivière dans le lit inférieur coulait sans retenue et traversait la rue sous un pont appelé pont aux ânes. Par la suite le lit inférieur prit le nom de mort-ru et la mémoire du pont se perdit, mais celui-ci apparaît encore sur un plan du XVIIe s.

La rue s’appelle maintenant « Prosper-Legouté ». Quand on pense que des gens ont refusé de s’installer dans l’allée à laquelle on a donné le nom de Pont-aux-Anes dans le lotissement du Paradis ! Peut-être ont-ils pensé alors au surnom que l’on a longtemps donné au théorème de Pythagore dans le langage des potaches !

Mais en fait, il ne s’agissait que des pauvres ânes si longtemps à la peine et si peu souvent à l’honneur qui évoquent pourtant l’humble travail du paysan venant porter ses sacs de blé au moulin et de la belle farine blanche ou une farine trafiquée, selon le degré d’honnêteté du meunier. Que de querelles, que de récriminations ! Mais elles ne dépassaient pas les limites du village !

 

                                                                                 

            Traversons la rue. Que nous reste-t-il du moulin banal ? Sur les cartes postales anciennes on n’en voit déjà plus rien, les bâtiments ont brûlé en 1886, mais, sont restés en place pendant des dizaines d’années, les vannes, le déversoir, les grilles qui empêchaient de pénétrer dans les propriétés par la rivière.

          

 

    

 

De même, l’ancienne roue anglaise du XIXe, témoin de la Révolution industrielle, baignait encore un siècle plus tard dans la fange du bief, se dégradant peu à peu.

J’en ai demandé la restauration dès 1986 à M. Patrick Devedjian, maire seulement depuis 1983 et qui découvrait peu à peu le patrimoine de sa ville. Cette demande fut renouvelée dès la création de l’APPA. Nous avons alors tout mis en œuvre pour que cette roue, une fois restaurée tourne avec l’eau de la Bièvre que l’on pouvait à cette époque-là faire revenir facilement dans son ancien lit abandonné qui était en même temps le bras usinier. Malheureusement nous n’avons pas été entendus et l’eau que l’on voit dans ce lit tourne en circuit fermé (Relire les articles sur la Bièvre et le moulin dans notre bulletin  n°4 ).

Contournons le site du moulin et pénétrons dans l’immense espace que de nos jours nous appelons le parc Heller du nom de Georges Heller, conseiller municipal en 1938, mort en déportation, qui avait œuvré pour que cette propriété soit acquise par la commune lorsque Mme Jomain l’avait mise en vente.  

Depuis le XVIIe s., cette propriété avait connu de très nombreux propriétaires dont le duc de Castries et le prince Mériadec de Rohan, mais ce n’était pas du bâtiment actuel qu’ils étaient propriétaires mais du plus beau château construit dans tous les environs. Nous en avons

publié l’historique dans notre revue. Le grand château aux cinq travées et aux galeries des glaces avait été démonté pierre par pierre après la Révolution, sous la Restauration. C’est une maison bourgeoise qui a été construite sous le Second Empire, celle bénéficiant des premiers prêts du Crédit Foncier à des taux inférieurs à 5%. Celle que nous connaissons a été longtemps le Conservatoire d’Antony, maintenant fermé. On en attend la restauration pour y ouvrir une maison des associations et un musée municipal digne de ce nom.

Lorsque madame Jomain a vendu sa propriété, elle a mis des conditions à cette vente. La municipalité devait s’engager à construire un hospice pour les vieillards et des installations sportives pour les enfants. La commune a demandé une subvention au Conseil Général, a ouvert une enquête d’utilité publique, mais en septembre 39, la guerre est arrivée avec son cortège de malheurs et en 1945 tout était à refaire et les demandes de madame Jomain sont tombées dans l’oubli. Si elles avaient été satisfaites, nous n’aurions pas vu tout ce qui s’est passé depuis dix ans à propos de l’implantation d’immeubles sur les abords du parc.

L’aspect social a néanmoins été conservé puisque pendant près de trente ans, il y eut des baraquements scolaires dans le parc et un centre pour enfants en difficulté scolaire ou déficients légers. Un centre de loisirs a été construit ainsi que le centre au nom savant de « centre psychopédagogique spécialisé ».

Nous pénétrons donc dans le parc communal, mais hélas, où est passé la belle Bièvre qui coulait paisiblement depuis le parc de Migneaux à la sortie de Verrières, sur un parcours, de 2 km, jusqu’au moulin ? C’est en remontant son court vers les sources que nous allons la retrouver.

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